Infrastructure
Cameroun : Le Mintp accélère vers l’émergence avec un programme routier massif pour 2026

Le Ministère des Travaux Publics (Mintp) du Cameroun dévoile une feuille de route ambitieuse pour l’exercice 2026, confirmant la place centrale des infrastructures dans la stratégie nationale de développement (SND30). Face à un déficit structurel persistant et des attentes sociales pressantes, le gouvernement mise sur un effort d’investissement ciblé pour désenclaver les bassins de production et améliorer la connectivité territoriale.
Les chiffres annoncés par le Mintp sont éloquents et traduisent une volonté d’accélération : le ministère prévoit la réalisation de 650 kilomètres de routes bitumées neuves et la construction ou la reconstruction de 1 300 mètres d’ouvrages d’art, comprenant des ponts et viaducs essentiels au rétablissement de la continuité du réseau. Ces objectifs s'inscrivent dans une approche qui cherche à concilier l'efficacité économique avec une gestion rigoureuse, en dépit d'un environnement budgétaire contraint.
Une ambition triennale au service de la SND30
L'effort de 2026 n'est qu'une composante du vaste Programme d'Investissements Prioritaires (PIP) qui court jusqu'en 2027. Ce programme est l’émanation directe de la Stratégie Nationale de Développement (SND30), dont l’objectif est de doter le Cameroun d’une économie prospère et d’infrastructures performantes à l’horizon 2035.
Pour le seul triennat 2025-2027, la demande budgétaire globale formulée par le Mintp s'élève à plus de 5 297 milliards de FCFA, dont 1 825,151 milliards de FCFA sont spécifiquement sollicités pour 2026. Associée à cette enveloppe, la performance physique attendue pour l'ensemble du triennat est significative, prévoyant de livrer aux populations 1 572,674 km de nouvelles routes bitumées, plus de 1 767 km de routes bitumées réhabilitées, et l’achèvement de 3 499,834 mètres linéaires d’ouvrages d’art.
Stratégie renouvelée : Maintenance et décentralisation
Au-delà de la seule construction, le ministère met en avant une stratégie centrée sur l’entretien et la performance du réseau existant. Cette approche est cruciale, car l’état de la route constitue un facteur majeur du coût de la logistique et du transport, impactant directement la compétitivité des entreprises camerounaises. Le plan pour 2026 prévoit également des ressources accrues pour les communes, traduisant un engagement en faveur de la décentralisation de la n des routesgestio communales et de l'amélioration de la desserte locale. L'enveloppe proposée pour l'entretien des routes communales est d'ailleurs en hausse de 38,5% pour l'année budgétaire.
Cette orientation stratégique est vitale pour le développement du Cameroun. Des infrastructures de transport efficientes permettent de désenclaver les zones rurales, facilitant l’écoulement des produits agricoles vers les marchés urbains et réduisant les pertes post-récolte. Elles agissent comme un levier de croissance, un catalyseur pour le commerce interrégional et un vecteur d’intégration sous-régionale au sein de la CEMAC.
Le défi de l’immense besoin de rattrapage
Cependant, les chiffres ambitieux du Mintp doivent être mis en perspective avec l’ampleur du retard infrastructurel du pays. Malgré les investissements constants, les données du ministère révèlent que 75% du réseau routier camerounais reste encore à réhabiliter. Un écart considérable subsiste entre les besoins recensés et les capacités de financement réelles, notamment au niveau de l'entretien courant, où les ressources permettent souvent de couvrir moins de 10% des ins.beso
L'exécution du programme 2026 sera donc un test majeur pour l’administration, qui doit conjuguer la rigueur dans la passation et le suivi des marchés, la lutte contre la corruption, et l’impératif de respecter les délais de livraison. La réalisation de ces 650 km de routes et 1 300 mètres d’ouvrages d’art sera une étape essentielle, mais seulement une étape, dans la longue marche du Cameroun vers son objectif d'émergence à l'horizon 2035. La concrétisation de ces projets d’envergure reste indispensable pour transformer les engagements politiques en bénéfices concrets pour les populations et pour l’économie nationale.
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