Finance
Tradex Cameroun l'ascension d'un géant pétrolier africain

En moins de neuf mois, Tradex, deuxième distributeur de produits pétroliers du Cameroun, a écoulé 395 millions de litres de carburants, un volume sans précédent qui consacre sa domination sur un marché en pleine mutation. Cette performance, révélée alors que le pays traverse une période de réforme des subventions et de volatilité des prix, souligne la capacité de l’entreprise à transformer les contraintes en opportunités. L’annonce intervient dans un contexte où le Cameroun, privé de sa raffinerie depuis l’incendie de Sonara en 2019, importe désormais la quasi-totalité de ses produits pétroliers. Tradex, filiale de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), a su tirer parti de cette situation en densifiant son réseau et en optimisant sa logistique. Avec 90 stations-service réparties dans les dix régions du pays, l’entreprise a accru sa part de marché de 22,4 % en 2019 à 28 % en 2024, tout en diversifiant son offre vers le kérosène, les lubrifiants et le gaz domestique.
Un volume record, fruit d’une stratégie ambitieuse
En 2025, Tradex a déjà distribué 395 millions de litres de carburants, soit près de la moitié du volume annuel de 2023 (803 millions de litres). Cette progression fulgurante s’explique par une expansion agressive de son réseau, mais aussi par une gestion rigoureuse des coûts et une adaptation aux contraintes d’approvisionnement. L’entreprise a investi 8,2 milliards FCFA entre 2019 et 2024 pour moderniser ses infrastructures, créer 200 emplois et sécuriser ses chaînes logistiques, malgré les restrictions imposées par les autorités. Cette performance contraste avec l’exercice 2024, où Tradex avait enregistré un recul de 5,4 % de son chiffre d’affaires (367 milliards FCFA contre 388 milliards en 2023), tout en affichant un bénéfice net record de 15 milliards FCFA. Une apparente contradiction qui s’explique par la réforme des subventions imposée par le FMI : depuis 2021, le Cameroun a réduit drastiquement les aides à la consommation de carburants, passant d’un budget de 1 000 milliards FCFA en 2022 à 15 milliards prévus en 2025. Résultat, les prix à la pompe ont augmenté, mécaniquement dopant les marges des distributeurs comme Tradex.
Une expansion régionale en ligne de mire
Fort de ses résultats, Tradex prépare désormais son déploiement en République démocratique du Congo (RDC), ainsi qu’au Tchad et en Guinée équatoriale, où elle est déjà présente. « Notre objectif est de devenir le leader incontesté de la distribution pétrolière en Afrique centrale d’ici 2030 », déclare un dirigeant. Mais cette ambition se heurte à plusieurs défis : la volatilité des cours du pétrole, la concurrence des majors internationales comme TotalEnergies, et les tensions sociales liées à la hausse des prix à la pompe.
Un modèle de résilience, mais pour combien de temps ?
La trajectoire de Tradex en 2025 illustre une résilience remarquable, mais aussi les fragilités structurelles du secteur pétrolier camerounais. Si l’entreprise a su capitaliser sur la libéralisation des importations et la réforme des subventions, sa dépendance aux fluctuations des prix internationaux et aux décisions politiques reste un risque majeur. « Le vrai test sera de maintenir cette croissance dans un environnement moins favorable », souligne un analyste. En attendant, Tradex incarne une success story africaine : celle d’un acteur local qui, par l’innovation et la discipline, a su s’imposer face à des géants internationaux, tout en préparant son expansion régionale. « Nous avons démontré qu’il était possible de croître même dans un environnement difficile », résume un cadre de l’entreprise. Une leçon de résilience qui pourrait inspirer d’autres acteurs du secteur en Afrique.
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