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Sénégal : La Loi de Finances 2026, un budget de rupture sous l’œil intransigeant du FMI

L’examen du Projet de Loi de Finances Initiale (LFI) 2026 par l’Assemblée nationale sénégalaise, présenté début novembre 2025, est plus qu’un simple exercice budgétaire. Il s'agit du document fondateur de la politique économique du nouveau gouvernement, élaboré dans l’urgence d'une crise de confiance sans précédent avec les institutions de Bretton Woods. La pression exercée par le Fonds Monétaire International (FMI) est totale, l’objectif étant la réduction drastique de la dette publique et le rétablissement de la transparence financière.

Le Mur de la « Dette Cachée » Révélé

Le point de bascule fut la révélation d'une dette non comptabilisée par l’ancienne administration, un passif dont l’ampleur a été jugée historique. Selon plusieurs médias, dont LeBrief et RFI, citant le chef de mission du FMI à Dakar, Edward Gemayel, la dette cumulée entre 2019 et 2024 s’élèverait à près de sept milliards de dollars (environ 4 200 milliards de FCFA). Cette découverte, qui a fait chuter la notation souveraine, a eu pour effet immédiat de suspendre ou de fortement ralentir les négociations autour d’un nouveau programme de prêt, crucial pour la stabilisation financière du Sénégal.

Dans ses communiqués de fin de mission d'août et novembre 2025, le FMI a explicitement indiqué que les discussions s'étaient concentrées sur « les actions requises pour traiter les vulnérabilités budgétaires et de dette mises en évidence par l'épisode de la dette cachée ». Les services du FMI soulignent que la poursuite des échanges, en vue d'un éventuel nouveau programme, dépend de la solidité des mesures correctrices.

La LFI 2026 : Le Sceau de la Consolidation Budgétaire

La réponse du gouvernement est formalisée dans le Projet de Loi de Finances 2026 et le Rapport Économique et Financier (REF) annexé. Ce dernier a été présenté par le Ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, devant les députés début novembre 2025, selon les comptes rendus notamment de la RTS et du Ministère de l'Économie.

Ce budget est ancré dans une stratégie de consolidation budgétaire. L’objectif, tel que détaillé dans le « Projet Voies et Moyens LFI 2026 » du Ministère des Finances et du Budget, est de réduire le déficit budgétaire à 3% du PIB à l’horizon 2027. Cet effort vise à dégager une « trajectoire descendante de la dette en pourcentage du PIB », jugée trop élevée et dont l'indicateur officiel se situait, avant l'intégration des dettes cachées, à environ 119% du PIB.

Pour y parvenir, le gouvernement mise sur un renforcement inédit des ressources propres. Les recettes internes du budget général sont ainsi évaluées à 5 740,65 milliards de FCFA dans le projet LFI 2026, une progression majeure par rapport à 2025, principalement due à l’augmentation des recettes fiscales. La qualité de la dépense publique doit également être améliorée, en orientant les ressources vers des investissements à fort impact sur la productivité.

Le Dilemme d'un Redressement Exigeant

Si le cadre budgétaire 2026 démontre une volonté de rupture et d’alignement avec les exigences du FMI, le défi de la dette reste colossal. Comme l’a analysé la publication Financial Afrik en novembre 2025, le Sénégal est face à un « dilemme budgétaire », celui de « restructurer la dette ou s'asphyxier ». Le média économique soulignait le risque de défaut partiel si aucune décision forte n'était prise d'ici la fin de l'année, et préconisait une restructuration préventive et concertée, dont le succès dépendrait notamment de la cohérence avec un programme du FMI.

La LFI 2026 est donc bien plus qu'une simple projection de chiffres : elle est l’acte politique par lequel le Sénégal tente de restaurer une crédibilité perdue. Son exécution rigoureuse, sous la surveillance étroite des institutions financières internationales, déterminera la capacité du pays à retrouver une marge de manœuvre budgétaire et à engager son développement sans le fardeau écrasant de l’endettement.